Les danses mimées chez John Playford et ses successeurs
On considère d’ordinaire que les danses éditées par John Playford
incluant un élément de mime ou des baisers sont de facture ancienne, et
comme il est de fait qu’on en trouve un certain nombre dans les quatre
premières éditions du « Dancing Master », il est tentant de les
rapprocher des branles morgués de la Renaissance décrits par T. Arbeau,
comme par exemple le branle des chevaux, le branle des lavandières, le
branle des sabots, le branle des Ermites et le branle de Malte.
Comparez ces branles aux danses ci-dessous dont la liste n’est pas exhaustive :
« Bobbing Joe » / 1ère édition, où les danseurs claquent des
doigts : « The first two men snap their fingers and change places ».
« Mundesse » / 1ère édition, où les danseurs se prennent dans leurs bras « all embrasse ».
« Paul’s Steeple » / 1ère édition, où l’homme actif embrasse la main et
le visage de ses partenaires : « Kiss the second woman hand
then your own… kiss the second woman then your own ».
« Petticoat Wag » où les danseurs jouent à cache-cache « peep twice at each other ».
« An Old Man is a Bed Full of Bone » et « Kemp’s Jig » / 1ère édition
où l’homme actif fait tourner sa dame sous son bras avant de
l’embrasser « This as before holding your woman by one hand and let
turne under your arm and kisses ».
« Sweet Kate » / 4ème edition, danse déjà citée dans la brochure
accompagnant le CD « Sugar and Spice » où les danseurs font un
mouvement d’enroulement avec leurs mains avant de brandir un
doigt : « wind your hands and hold up your finger, wind your
hands again and hold up another finger of the other hand ».
« Catching of Quails » / 4ème edition, où les hommes secouent la main
de leur partenaire et leur marchent sur le pied : “take his own woman
by the hand and shake it 3 times… put his toe to his woman 3 times”.
« The Maid in the Moon » / 4ème édition, où la danse est conçue pour que les trois hommes embrassent toutes les femmes.
Cependant « My lord Byron’s Maggot » appartient à une période bien
postérieure aux danses citées plus haut et il faut croire qu’on n’était
toujours pas las des danses mimées. Cette danse propose un jeu
malicieux avec le contre-partenaire.
Encore n’est-il pas trop engageant si je m’en réfère à l’investissement
demandé dans « The Old Maid in Tears » qui sera publiée dans les
dernières éditions du « Dancing Master » conduites par J. Young
(1718-1728). Jugez plutôt : au cours de cette danse, on vous demandera
de vous coiffer d’un foulard, de pointer du doigt et de sourire, de
vous sécher les yeux et de paraître surpris. Un vrai ballet d’action
miniature avant la lettre !!
Illustrations/ Documents :
Partition originale de The Old Maid in Tears
Orchésographie : description du Branle de Malte
Orchésographie : description du Branle de Malte (suite).